Me Ngagne Demba TOURE, Directeur Général de la SOMISEN S.A, est actuellement à Paris pour participer au au Septième Sommet du Mining On Top Africa (MOTA).
Me Ngagne Demba TOURE, Directeur Général de la SOMISEN S.A, est actuellement à Paris pour participer au au Septième Sommet du Mining On Top Africa (MOTA).
«Cette conférence sur mines et RSE à Kédougou, une région que je connais très bien depuis 1993, sera un moment d’échanges, de partages et surtout d’infirmations pour mieux comprendre les enjeux. Je voudrais féliciter le Groupe de presse Alkuma pour l’organisation de réflexions sur des thématiques aussi pertinentes. Et, Incha Allah, nous serons à Kédougou pour animer cette conférence », a soutenu Dr Ousmane Cissé, Directeur général de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN SA) au cours d’un entretien accordé ce 13 octobre, au portail web alkuma.info, dans son bureau à Dakar.
En prélude à l’organisation, dans la ville de Kédougou, le samedi 03 décembre 2022 à partir de 09 heures, d’une conférence sur le thème : « Mines et Responsabilité sociétale d’entreprise, quels défis et opportunités pour les collectivités territoriales : le cas de la région de Kédougou », Dr Cissé, Directeur général de la Société des Mines du Sénégal, a exprimé toute sa satisfaction d’être choisi pour animer une telle rencontre.
Il a ajouté que souvent avec les mines, « il y a beaucoup d’attentes et de problèmes. Car, il y a aussi des intérêts multiples et divers. Et, le défi consiste à réconcilier les deux. Cette conférence est une occasion d’avoir tous les acteurs dans une salle pour des échanges fructueux, directs et très enrichissants. Il y aura beaucoup d’informations utiles à partager lors de cette conférence à Kédougou », a-t-il précisé.
L’une des missions fondamentales de la SOMISEN SA consiste à assurer les conditions d’une exploitation et d’une gestion des ressources minérales qui « doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables », lit-on sur le portail web du ministère des Mines et de la Géologie.
Pour rappel, cette conférence au carrefour des idées d’Alkuma est placée sous le parrainage du Ministre des Mines et de la Géologie, M. Oumar Sarr, du Ministre auprès du Garde des Sceaux chargé de la bonne gouvernance, de la promotion des droits humains et président du Conseil départemental de Kédougou, M. Mamadou Saliou Sow et du Directeur général de la Société Dakar Dem Dikk et Maire de Kédougou, M. Ousmane Sylla. Alors que le modérateur de la conférence est le Directeur de l’Agence régionale de développement (ARD) de Kédougou, M. Kalidou Cissokho.
Lire le reste de l’entretien dans le mensuel Alkuma n°38 d’octobre 2022
Source :alkuma.info
Interview par Daouda Gueye
La Société des Mines du Sénégal (SOMISEN SA), nouvellement créée pour gérer les intérêts de l’État dans l’industrie minière, a officiellement démarré ses activités le 1er avril. Son Directeur général, Dr Ousmane Cissé, revient, dans cet entretien, sur sa feuille de route et les stratégies pour élargir le contenu local au secteur minier et faire profiter aux populations des retombées.
Quelle est la feuille de route qui vous a été fixée après le démarrage officiel des activités de la SOMISEN ?
Je voudrais d’abord remercier le Président de la République pour la confiance et le privilège qu’il m’offre à diriger la nouvelle Société des mines du Sénégal (SOMISEN). C’est la première fois que l’État crée une société qui s’occupe de l’ensemble des opérations minières et de toutes les substances minérales. Dans le passé, nous avions des sociétés comme la Compagnie tourbière du Sénégal. Cette dernière s’occupait uniquement de la valorisation et de l’exploitation des tourbes des Niayes, sur la Grande Côte. Ce projet n’a pas abouti pour plusieurs raisons. Nous avons également la Société Minière de Sabodola (SMS), une très ancienne entreprise qui s’occupait des gisements de Sabodola et, par la suite, en 2004, un appel d’offres avait été organisé pour permettre, aujourd’hui, son exploitation industrielle. Mais, la Sms a été liquidée. Je peux également citer la Société d’études et de réalisation des phosphates de Matam qui a évolué pour devenir la Société Minière de la Vallée du Fleuve (SOMIVA), laquelle est devenue une société privée avec une participation de l’État. Les mines de fer du Sénégal oriental sont également une société très ancienne qui a été créée par l’État du Sénégal pour faire la promotion du fer de Matam.
La SOMISEN est différente parce qu’elle n’a pas été créée pour une substance minérale, mais plutôt pour que l’État soit présent dans le secteur minier dans sa globalité. L’une des premières missions confiées à la SOMISEN, c’est la gestion des participations de l’État dans les projets miniers, c’est-à-dire les projets d’exploitation, parce que le Code minier prévoit qu’à chaque fois qu’une découverte commerciale est faite et qu’on doit passer à l’exploitation, on doit créer une société de droit sénégalais. Et dans celle-ci, l’État a obligatoirement et gratuitement 10 % de prise de participation. L’État ou le secteur privé national peut acquérir 25 % supplémentaires. Mais, dans la réalité, pour tous les projets miniers qui ont été mis en œuvre, cela ne s’est pas concrétisé, faute de financements.
Donc, la SOMISEN interviendra au nom de l’État pour gérer ses parts dans chaque société, mais aussi essayer d’augmenter sa participation dans les opérations minières pour, d’une part, renforcer la présence stratégique de l’État et, d’autre part, améliorer les revenus. C’est là une mission fondamentale. La loi a prévu que l’État peut, seul ou en association, détenir des titres miniers. Aujourd’hui, nous avons des ressources minérales connues ou peu connues. Il y a d’autres minéraux qui peuvent être stratégiques, à haute valeur ajoutée, mais qui n’ont peut-être pas fait l’objet de reconnaissance ou de prospection. La SOMISEN va également demander des permis de recherche et conduire des travaux de recherches qui, nous l’espérons, vont aboutir à des découvertes commerciales.
Dans ce cas, vous imaginez aisément les avantages et les bénéfices énormes que l’État peut en tirer. Nous allons aussi procéder à l’évaluation des projets, des investissements réalisés ou attendus des sociétés minières et émettre des points de vue stratégiques et sur la commercialisation. Dans le Code minier, il est prévu le système de partage de production. Il y a des substances minérales où l’État détient des parts de production, la SOMISEN jouera ainsi ce rôle commercial. Donc, la création de cette société entre dans un cadre très cohérent. En effet, l’article 25.1 de la Constitution issue du référendum de 2016 stipule que les ressources naturelles appartiennent au peuple. Pour matérialiser ce principe constitutionnel, l’État a fait un pas avec la création de la SOMISEN.
Dès lors qu’il faut gérer, superviser et s’assurer à satisfaire les objectifs de la Constitution, c’est-à-dire que les ressources naturelles doivent être exploitées pour le peuple, favoriser la croissance et le développement socioéconomique dans un cadre transparent, équitable et protéger l’environnement, l’État a intérêt à être dans le secteur.
Notre rôle n’est pas uniquement d’attendre des dividendes dans les sociétés dans lesquelles l’État à des parts mais plutôt de faire en sorte que la société soit un acteur majeur, d’égale dignité que les compagnies minières, pour représenter l’État au nom du peuple à qui appartiennent ces ressources minérales.
Mais, est-ce que cela ne risque pas de créer une sorte de concurrence ou une réticence chez les investisseurs ?
Non, je ne pense pas que cela puisse créer une réticence parce que le Sénégal n’est pas le seul pays à créer une société minière. Vous allez dans la sous-région, en Guinée, il y a la SOGUIPAMI, en Côte d’Ivoire, il y a la SODEMI qui est très ancienne, il y a aussi la Société équatoriale des mines du Gabon, et tant d’autres en Afrique centrale et en Afrique du Nord. Il y a beaucoup de pays qui sont en train de suivre cette voie. Ce n’est pas parce que c’est à la mode, mais tout simplement parce que les États ont ce besoin de financer leur développement, leur éducation, la santé, l’agriculture, des projets d’utilité publique et qui nécessitent de gros moyens que peut procurer le secteur minier. Donc, l’État ne vient pas tout remettre en cause, mais pour s’affirmer et prendre la place qui lui revient et s’assurer que toutes les parties prenantes de l’industrie minière puissent s’en sortir dans les opérations, de façon mutuellement avantageuse.
Récemment, le Chef de l’État a décidé d’élargir la loi sur le contenu local au secteur minier. Qu’est-ce que cela change dans l’attribution des permis miniers ?
Nous avons eu à faire une étude sur le contenu local dans le secteur des mines. Cette étude, basée sur les cinq plus grandes sociétés, montre que sur la période 2007-2012, l’ensemble des investissements miniers tournaient autour de 600 milliards de FCfa. Et après avoir analysé ces chiffres, nous avons constaté que seulement environ 125 à 150 milliards, soit moins de 25 %, sont restés dans le pays. Cela signifie que le secteur des mines mobilise des financements, des capitaux énormes sous forme d’équipements, de matériels et autres, mais c’est beaucoup plus une importation de biens que des investissements. Et les services accessoires qui tournaient autour de 150 milliards de FCfa pendant cette période concernaient des activités sans valeur ajoutée (gardiennage, stockage ou transport).
Alors, il nous fallait avoir un dispositif d’incitation, dès fois de contrainte, pour créer de la valeur, avoir plus de retombées pour les populations dans l’exploitation minière. Aujourd’hui, nous sommes dans un secteur minier classique qui nécessite, à travers cette initiative du Chef de l’État, de renforcer le contenu local. Le contenu local signifie aussi que les Sénégalais doivent être dans le secteur, prendre des risques. On a souvent entendu que le secteur minier nécessite beaucoup de capitaux, avec des durées d’investissements assez longues ; ce n’est pas évident. Mais quand même, nous devons nous exercer, nous intéresser à ce secteur, prendre le temps qu’il faut.
L’expertise existe sur le plan national, les informations et le potentiel minier existent, il faut également que cet aspect financement des opérations soit une fonction au cœur duquel nous devons trouver des Sénégalais. C’est comme cela que l’exploitation minière pourra avoir des retombées aussi bien pour les populations locales que pour l’économie nationale. Sinon nous risquons d’avoir une industrie forte, des capitaux mobilisés, mais seulement des biens d’équipement importés. Et les transactions se feront dans les pays où les biens, les équipements et les matériels sont produits.
C’est une excellente initiative, mais qui doit se faire dans un cadre bien organisé et cohérent. On doit diviser les choses en trois parties. Premièrement, identifier les secteurs où nous sommes forts afin d’accompagner les entreprises nationales qui y évoluent. Deuxièmement, développer un partenariat stratégique, des joint-ventures qui, dans la durée, peuvent permettre le transfert de compétences et des technologies, afin que, dans une durée appréciable, cette partie de l’industrie-là devienne nationale. La troisième catégorie d’activités qui, objectivement, demande une haute technologie, un savoir-faire, des recherches-développement assez poussées que nous n’avons pas, doit être ouverte à la compétition internationale. Ce faisant, le contenu local ne signifie pas exclusion des étrangers.
Alors, comment comptez-vous vous y prendre pour que le Sénégal tire concrètement un meilleur profit des richesses de son sous-sol ?
Déjà, il y a des Sénégalais qui sont présents dans le secteur des mines, détenant donc des permis de recherches. La SOMISEN est le bras technique de l’État, mais elle a également pour ambition d’être un acteur privilégié de l’industrie minière nationale. Renforcer la présence des Sénégalais dans le secteur des mines, c’est être à côté des promoteurs sénégalais qui y sont déjà, qui ont une certaine capacité financière pouvant être doublée d’une capacité technique, laquelle sera disponible au niveau de la SOMISEN. Les mêmes accords de joint-ventures avec les sociétés étrangères peuvent être faits avec la SOMISEN qui peut les aider à mieux s’insérer dans la chaîne de valeur de l’industrie minière.
L’autre chantier, c’est de voir comment la SOMISEN peut contribuer à ce que les mines d’exploitation des ressources naturelles puissent avoir des retombées significatives aussi bien pour les populations que pour l’économie nationale. C’est, comme je l’ai dit, en renforçant les parts de l’État dans les sociétés minières, mais surtout en développant un portefeuille distinct de l’État à travers la recherche de minéraux stratégiques, les amener à un niveau de connaissance assez élaborée pour des découvertes commerciales. À partir de ce moment, vous verrez que les rôles vont changer, car là où l’État attendait que les sociétés minières viennent déposer des demandes de recherches, faire des découvertes et lui dire « voilà ce que j’ai découvert, prenez les 10 % », ce sera le contraire. Nous allons essayer de voir dans la filière les services qui peuvent être liés à l’industrie et comment concourir à leur satisfaction dans toute la chaîne de valeur.
Mais, on ne peut pas tout faire ; il y a un phasage des priorités. Nous allons, sur la base d’un plan stratégique de développement de la société, décliner l’ensemble des activités et des projets qu’on pourra faire, les retombées, les attentes et les impacts, puis arriver, sur une durée bien maitrisée, à satisfaire progressivement les attentes de l’État et des populations.
Source: Le Soleil.
Dans l’optique de mieux organiser l’exploitation artisanale de l’or en vue de son insertion dans le tissu économique du pays et de procéder à un état des lieux assez exhaustif du secteur dans toutes ses dimensions, le Ministre des Mines et de la Géologie, Dr Oumar SARR a effectué, le dimanche 27 Décembre 2021, une visite de terrain dans les sites d’orpaillage de Bantako, Moussala et Kharakhena sis dans la région de Kédougou.
Au cours de cette visite, le Ministre s’est largement entretenu avec les acteurs de cet important sous-secteur qui, selon une étude de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD, EMOR, 2018), est un secteur informel qui emploie 30 000 acteurs avec une production artisanale d’or de 4,5 tonnes environ par an.