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Le Soudan a entamé en 2019 la normalisation de ses relations avec plusieurs pays étrangers, facilitant l’investissement dans son secteur minier, jusque-là essentiellement artisanal. Cependant, le processus démocratique a été interrompu fin 2021 et la situation politique dégénère rapidement.

La compagnie minière australienne Perseus Mining, active notamment sur le projet aurifère Meyas Sand au Soudan, a indiqué lundi 17 avril que ses opérations dans ce pays ne sont pas perturbées par les récents évènements. Elle fait référence aux affrontements armés qui secouent depuis dimanche la capitale Khartoum, opposant deux factions rivales à la tête de l’État.

Il faut dire que le projet Meyas Sand est situé à plus de 1 000 km de là et se trouve donc, comme la plupart des mines d’or du pays, loin de Khartoum. Si aucun incident n’est donc à signaler, la situation actuelle présente un risque quant à l’attractivité du pays.

Disposant d’immenses réserves d’or, le Soudan est en effet peu cité lorsqu’il s’agit d’évoquer les grands pays miniers africains. Selon les données du World Gold Council, le pays a pourtant produit 85 tonnes d’or en 2021, soit plus que la Côte d’Ivoire et le Sénégal réunis. Seulement, cette production est essentiellement artisanale et le pays pourrait donc générer plus de revenus grâce au développement de grandes mines industrielles et à la construction de raffineries d’or locales.

C’est sur cette voie que le Soudan s’est engagé depuis la chute de l’ancien président Omar el-Béchir en 2019. Son départ et le début d’un processus démocratique ont en effet incité plusieurs chancelleries occidentales à renouer des liens économiques avec le pays, avec notamment les États-Unis qui ont retiré le pays de la liste des États soutenant le terrorisme. Ces initiatives ont ouvert la voie à l’arrivée de compagnies étrangères capables de piloter la construction de grands projets miniers, à l’instar de Perseus Mining qui exploite trois mines d’or en Afrique de l’Ouest avec une production annuelle de 500 000 onces.

Cependant, la situation a beaucoup évolué ces deux dernières années, d’abord avec la démission du Premier ministre chargé d’assurer la transition démocratique et la reprise du pouvoir par les militaires. Les affrontements actuels opposent d’ailleurs le général Abdel Fattah Al-Burhane, chef d’État de facto, aux forces paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo.

S’ils dégénèrent en guerre civile, le conflit risque de remettre en cause une décision finale d’investissement que doit prendre Perseus Mining d’ici septembre 2023, afin de construire la mine d’or Meyas Sand. Les activités de l’autre grande compagnie étrangère active dans le pays, le marocain Managem, pourraient également être freinées.

Emiliano Tossou

Source : Agence Ecofin

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