Selon le Trésor américain, plus de 90 % de l’or produit en RDC passe en contrebande par les États voisins, dont le Rwanda et l’Ouganda, pour y être raffiné et exporté. L’Ouganda a exporté pour 1,03 milliard $ d’or en 2021, avant des sanctions contre la plus grande raffinerie du pays en mars 2022.
Les exportations ougandaises d’or ont baissé de 80,6 % en glissement annuel pour atteindre 200,64 millions de dollars d’or en 2022. C’est l’une des informations fournies par la Banque centrale d’Ouganda dans un rapport publié ce mois, et qui indique que les recettes d’exportation du café ont progressé dans le même temps, passant de 718,96 millions de dollars en 2021 à 859,47 millions de dollars l’année dernière.
Cette baisse drastique des exportations aurifères peut s’expliquer par les sanctions imposées depuis mars 2022 par le département américain du Trésor à African Gold Refinery, raffinerie à l’origine du boom des exportations ougandaises d’or depuis 2015. L’entreprise et son promoteur belge, l’homme d’affaires Alain Goetz, seraient en effet impliqués dans un trafic illicite d’or en provenance de la RDC voisine.
« Alain Goetz et son réseau ont contribué au conflit armé en recevant de l’or de la RDC sans remettre en question son origine […]. L’or de conflit constitue la principale source de revenus des groupes armés dans l’est de la RDC, où ils contrôlent les mines et exploitent les mineurs », expliquait alors Brian E. Nelson, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier.
Selon Stephen Turyahikayo, consultant local spécialisé sur les chaines d’approvisionnement responsable cité par Reuters, « faire des affaires à l’échelle internationale pour eux [African Gold Refinery, Ndlr] est maintenant difficile après les sanctions ». L’analyste souligne aussi le rôle qu’a pu jouer la décision du ministère des Mines de suspendre la délivrance de nouvelles licences d’exportation, dans l’attente de la mise en œuvre du nouveau code minier adopté en février 2022 et promulgué par le président en octobre dernier.
Pour rappel, l’Ouganda dispose d’autres ressources minérales qui peuvent renforcer la contribution du secteur minier à l’économie. Il s’agit notamment du graphite, des terres rares et du cuivre, autant de matières premières indispensables à la transition énergétique et dont la demande est justement en hausse ces dernières années.
Emiliano Tossou
Source: Agence Ecofin