Si l’Indonésie et la Malaisie dominent l’approvisionnement mondial en étain, une région de Birmanie représente à elle seule 10 % de l’offre mondiale. Dès août 2023, cette région cessera momentanément de livrer de l’étain, laissant potentiellement un vide que d’autres producteurs pourraient combler.
Lundi 17 avril sur la bourse des métaux de Londres, le prix de l’étain pour livraison dans trois mois a bondi d’environ 10 % et s’est rapproché des 28 000 dollars la tonne. Cette hausse intervient après la décision prise le week-end dernier par les autorités de l’État de Wa en Birmanie de suspendre l’exploitation minière sur son territoire à partir du 1er août 2023.
L’impact de cette mesure sur le marché s’explique par la place qu’occupe cet État dans l’approvisionnement mondial. Selon les estimations de l’International Tin Association (ITA), Wa représente environ 10 % de l’offre mondiale de concentré d’étain. Les analystes de l’ITA précisent néanmoins qu’il est « peu probable que cela ait un impact immédiat sur l’offre de concentré d’étain », car les mineurs de la région pourraient profiter des mois restants avant la suspension pour produire autant d’étain que possible.
La décision des autorités de l’État de Wa pourrait tout de même avoir des implications pour les autres pays producteurs en raison de la volatilité sur un marché tel que celui de l’étain où, selon Peter Arden, fondateur de la firme de recherche Groundwork Pty. Ltd, les stocks sont « extrêmement minces ». Toute situation risquant de provoquer une hausse ou une baisse aussi bien de la demande que de l’offre entraine donc des effets quasi immédiats sur les prix.
Si une réduction de l’offre intervient réellement dans les prochains mois et s’accompagne d’une hausse des prix, la RDC et la Namibie sont les mieux placées en Afrique pour en profiter. Les deux producteurs phares de ces pays, Alphamin en RDC et Andrada Mining en Namibie, ont en effet lancé ces derniers mois des projets visant à augmenter leur capacité de production respective.
Alphamin, qui représente environ 4 % de l’offre mondiale de concentré d’étain, prévoit de porter sa capacité de production annuelle à environ 20 000 tonnes à partir de décembre 2023, contre environ 12 000 tonnes ces dernières années. Quant à Andrada Mining (ex-AfriTin), elle vise une production d’étain comprise entre 1 400 et 1 500 tonnes pour son exercice financier ayant débuté le 1er mars dernier, contre 960 tonnes au cours du précédent exercice.
Emiliano Tossou
Source : Agence Ecofin