Près de deux ans après la relance de la cimenterie de Kabimba à 60 Km au nord de Kalemie, l’usine est fermée sur décision de la gouverneure du Tanganyika. Julie Ngungwa reproche aux responsables de la cimenterie des Grands Lacs (CGL), le non-respect du prix du ciment.
De notre correspondante à Lubumbashi,
Faustin Buluya est un entrepreneur de Kalemie et gère quelques chantiers, mais le coût élevé du ciment est un casse-tête : « Un sac de ciment se négociait à 27 000 francs CFA (44,37 dollars). J’espérais qu’avec la production locale du ciment, le prix allait baisser, explique l’entrepreneur. Malheureusement, le ciment produit localement se vend aujourd’hui à 32 000 francs CFA (52,58 dollars). Ça m’a découragé et découragé aussi les autres », déplore l’entrepreneur.
Le ciment de la CGL à Kabimba est deux fois plus cher que celui produit à Likasi, au sud du Katanga soit 12,5 dollars au lieu de 6 dollars. Pourtant, les facteurs de production sont plus favorables dans ce milieu, estime Jules Mulya, président du patronat à Kalemie.
« On a d’un côté le calcaire, et pas loin de là, on a une très belle mine de charbon. Les deux sont des intrants essentiels dans la fabrication du ciment. Et on a un autre avantage, estime Jules Mulya. Les autres intrants comme les emballages viennent par le port de Dar Es Salaam. Et nous, nous sommes mille kilomètres plus près que les usines situées au Haut Katanga », ajoute le président du patronat.
« Un prix justifié », selon les dirigeants de la CGL
Pour leur part, les responsables de la cimenterie des Grands Lacs se défendent. La structure du prix tient compte de l’investissement et de la marge bénéficiaire de 20%. « Il fallait construire l’usine, les infrastructures, un port, créer une centrale thermique, développer la mine de charbon et assurer le transport, argumente Maître Alex Kabinda, avocat conseil de la CGL. Il y a un investissement important qui fait que l’opérateur, dans ses calculs de coût, est arrivé au prix de 12,5 dollars. Donc le prix n’a pas été inventé, mais c’est contrôlable par la République », précise l’avocat.
L’usine est à l’arrêt. Selon l’entreprise, sur décision de l’autorité provinciale du Tanganyika. Jean Bosco Kaumba, expert en économie, qualifie cette décision d’illégale, car la province n’intervient pas dans la transformation du ciment. « C’est une décision inutile, elle va préjudicier le fonctionnement de l’activité économique, en l’occurrence le ciment, le prix du ciment va augmenter et le taux d’investissement va diminuer ».
Pour sa part, Jacques Kabulo, le conseiller en communication de la gouverneure de la province du Tanganyika déclare que seul le dépôt du ciment ouvert à Kalemie a été scellé et non l’usine. Entretemps, d’autres sources proches de l’entreprise affirment que la CGL subit une forte pression fiscale de la part des services publics, ce qui impacte sur le prix de vente du ciment.
Source : Rfi