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Swissaid souligne que 79% des relations d’affaires identifiées par une enquête couvrant la période allant de janvier 2015 à février 2023 impliquent des raffineries d’or basées en Suisse, en Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, en Inde.  

Quatre raffineries d’or concentrent 66% des relations d’affaires avec les sociétés minières impliquées dans l’extraction de ce métal précieux en Afrique, selon un rapport publié en mars 2023 par SWISSAID, une fondation suisse spécialisée dans la coopération au développement.

Intitulé « De l’ombre à la lumière : les relations d’affaires entre les mines d’or industrielles en Afrique et les raffineries », ce rapport documente les relations d’affaires existantes ou ayant existé entre les mines d’or industrielles africaines et les raffineries entre janvier 2015 et février 2023. Il met en lumière 142 relations d’affaires entre 116 mines d’or industrielles et 16 raffineries impliquées dans l’extraction et le raffinage de plus de 450 tonnes d’or industriel africain d’une valeur supérieure à 25 milliards de dollars par an (chiffre relatif l’année 2020).

Deux tiers du total de ces relations d’affaires identifiées (96 relations) concernent quatre raffineries seulement : Rand Refinery (49 relations d’affaires identifiées), Metalor (26) et deux raffineries du groupe MKS PAMP (21).

Fondée en 1920, Rand Refinery est basée en Afrique du Sud. Cette raffinerie est détenue par les principales compagnies minières aurifères sud-africaines spécialisées dans l’or comme AngloGold Ashanti, Sibanye Gold et DRDGOLD.

L’or traité au cours de la période sous revue par la raffinerie de Rand Refinery provient à hauteur de 96 à 99,6% de mines industrielles situées dans quatorze pays africains, dont l’Afrique du Sud, le Ghana, la Tanzanie, la Namibie et la RD Congo.

Trois pays dominent l’activité du raffinage

Basé en Suisse, Metalor traite de l’or provenant de 11 pays africains, dont le Burkina Faso, le Mali, le Maroc et le Nigeria.

Basé à Genève, le groupe MKS PAMP dispose de deux raffineries, implantées en Suisse et en Inde, qui traitent de l’or provenant de sept pays du continent, dont la Tanzanie, la Mauritanie, le Liberia et le Burkina Faso.

Le rapport, qui s’intéresse uniquement à l’or industriel et ne couvre pas les approvisionnements des raffineries en or artisanal et en or recyclé provenant du continent africain, précise que 79% des relations d’affaires identifiées par l’enquête menée par SWISSAID impliquent des raffineries basées en Suisse, en Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, en Inde. Cela suggère que l’or industriel africain est raffiné principalement dans ces trois pays.

Selon le rapport, deux pays africains seulement disposent de raffineries opérationnelles, en l’occurrence l’Afrique du Sud (Rand Refinery) et le Zimbabwe (Fidelity Gold Refinery).

SWISSAID indique d’autre part qu’à l’exception d’une raffinerie zimbabwéenne et quelques raffineries émiraties et chinoises impliquées dans un nombre restreint d’approvisionnements provenant de l’Afrique, les 16 raffineries ayant des relations d’affaires identifiées avec des mines d’or industrielles africaines sont certifiées selon le standard de la London Bullion Market Association (LBMA), l’organisation professionnelle qui supervise les marchés de gros de l’or et de l’argent à Londres.

Les pratiques de ces raffineries en matière de transparence de leurs relations d’affaires sont pourtant mitigées. Interrogées au sujet de leurs relations d’affaires, six raffineries ont confirmé les noms des mines industrielles africaines auprès desquelles elles s’approvisionnent. C’est le cas de Metalor (26 mines), PX Precinox (1), The Perth Mint (5), Nadir Metal Rafineri (2), Italpreziosi (1) et Emirates Minting (3).

D’autres raffineries ont cependant refusé de confirmer leurs relations à moins que SWISSAID signe un accord de non-divulgation. Il s’agit de Rand Refinery, MKS PAMP, MMTC-PAMP, Argor-Heraeus, Asahi Refining Canada et Emirates Gold DMCC.

Des arguments très discutables

Certaines raffineries se sont aussi opposées à ce que des compagnies minières divulguent leurs noms. La plupart des raffineries rétives à la divulgation des données demandées se sont réfugiées derrière l’argument de la confidentialité des contrats et des accords de raffinage. En plus de cet argument, MKS PAMP a également invoqué « des raisons de concurrence et de sécurité ».

Le rapport note dans ce cadre que l’argument de la concurrence est peu convaincant dans la mesure où une partie des raffineries acceptent de confirmer ce type d’information alors que l’argument de la sécurité est également difficilement compréhensible. D’autant plus que les positions géographiques des sites miniers sont dans le domaine public et que la sécurité du transport n’est aucunement impactée par la révélation de la destination finale de l’or.

A l’instar de plusieurs raffineries, certaines compagnies minières ont également refusé de confirmer leurs relations d’affaires bien que des informations à ce sujet figurent déjà dans le domaine public, que leurs concurrentes publient ce type d’information ou encore que les parties avec lesquelles elles sont sous contrat le font.

SWISSAID note par ailleurs que des raisons liées aux problèmes dans les mines semblent être prépondérantes dans la volonté de plusieurs raffineries et compagnies minières de garder leurs relations d’affaires confidentielles.

Pour la majorité des mines industrielles couvertes par l’enquête, l’ONG affirme avoir découvert de « graves problèmes, en particulier des violations des droits humains (atteintes à la santé des populations locales, décès des employés de la mine, expropriations des terres, déplacements forcés des populations locales…etc.), des dégradations environnementales (rejet de particules fines, pollution des nappes phréatiques, pollution des terres causée par l’usage de cyanide, d’arsenic et de plomb… etc.) et des accusations de corruption et de fraude fiscale », notant que ces problèmes ont été déjà été identifiés dans des rapports d’organisations de la société civile, des rapports d’organisations internationales, des enquêtes journalistiques et des études scientifiques.

Source : Agence Ecofin

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