Le projet d’oléoduc Niger-Bénin est l’un des symboles de la coopération entre le Niger et son voisin le Bénin. Le coup d’État du 26 juillet dernier a semé le doute sur son aboutissement.
Depuis qu’il est dirigé par la junte qui a pris le pouvoir mercredi 26 juillet dernier, le Niger est sous sanctions. Des sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui n’ont pas empêché le pays sahélien de procéder, mercredi 1er novembre, à la mise en service de l’oléoduc Niger-Bénin, en construction depuis 2019.
C’était lors d’une cérémonie à Koulélé, sur le site pétrolier d’Agadem, situé dans la région de Diffa, au sud-est du Niger. Celle-ci a vu la participation du Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine, nommé par la junte au pouvoir, ainsi que celle de Simon Pierre Bossi et Bintou Camara, tous deux ministres de l’Énergie du Burkina Faso et du Mali seuls soutien du Niger.
La mise en service de cette infrastructure pétrolière, stratégique autant pour le Niger que pour le Bénin, marque un tournant dans le bras de fer qui oppose la junte nigérienne à la CEDEAO. Pour nombre d’analystes, elle est l’espoir d’une restauration de la collaboration avec le Bénin, brouillée par la fermeture de la frontière terrestre avec le Niger.
D’aucuns estiment par ailleurs que le spectre de l’intervention militaire brandie par l’organisation communautaire ouest-africaine en réponse au renversement du président Mohamed Bazoum s’éloigne quelque peu avec ce nouveau développement. Et pour cause, les intérêts en jeu sont encore plus grands.
Côté béninois, ce sont quelque 490 millions $ de recettes fiscales qui sont attendues de ce projet sur 20 ans. Ceci, sans compter les retombées techniques en termes de transfert de compétences et de formation des cadres dans le secteur.
Du côté nigérien, on s’attend à ce que l’oléoduc construit sur environ 2 000 km, soutienne de manière substantielle, la croissance économique qui pourrait atteindre les 12 %, portée par une augmentation des recettes fiscales de 45 %.
« Les ressources issues de l’exploitation […] seront destinées exclusivement à assurer la souveraineté et le développement de notre pays sur la base d’un partage équitable aux populations », a déclaré Ali Mahaman Lamine Zeine lors de la cérémonie de mise en service.
Rappelons que la construction du pipeline Niger-Bénin, destiné à l’exploitation des ressources pétrolières d’Agadem, a coûté aux deux pays, un investissement d’environ 4,5 milliards de dollars. L’installation devrait permettre au pays d’exporter sa production d’or noir qui devrait atteindre à terme 110 000 b/j, contre 20 000 b/j actuellement.
Abdel-Latif Boureima
Source : Agence Ecofin