Le rapport révèle que des violations présumées des droits humains et de l’environnement par des compagnies chinoises actives dans l’exploitation des minerais de la transition énergétique ont été recensées dans six pays africains. La RD Congo tient cependant le haut du pavé.
Des entreprises chinoises opérant dans l’exploitation de minerais nécessaires à la transition énergétique sont impliquées dans 24 cas présumés de violations des droits humains et de l’environnement entre janvier 2021 et décembre 2022, selon un rapport publié le 6 juillet par l’ONG Business & Human Rights Resource Centre.
Intitulé « Unpacking clean energy : Human rights impacts of chinese overseas investment transition minerals », le rapport se base essentiellement sur des faits signalés par des ONG locales et des reportages médiatiques documentés qui ont fait état de préoccupations soulevées par des travailleurs, des syndicats ou des communautés, pour identifier des abus commis en dehors de la Chine par des sociétés chinoisés actives dans l’exploration, l’exploitation ou le traitement (fusion et raffinage) de neuf minerais cruciaux pour la transition vers l’énergie verte comme le cobalt, le lithium, le nickel et le cuivre.
Au total, 39 compagnies minières chinoises sont impliquées dans 102 cas présumés de violations des droits humains et de l’environnement entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2022.
Sur l’ensemble des cas d’abus présumés, commis dans 18 pays selon l’ONG, 43 ont été recensés en Asie, 28 en Amérique latine, 24 en Afrique et 7 en Europe.
En Afrique, des cas de violations des droits humains et de l’environnement ont été répertoriés en République démocratique du Congo (12 cas), au Zimbabwe (7), en Afrique du Sud (2), au Ghana (1), en Guinée (1) et en Namibie (1).
A l’échelle mondiale, l’Indonésie compte le plus grand nombre d’allégations d’abus enregistrées durant la période sous revue (27), suivie du Pérou (16) et de la République démocratique du Congo (12).
La répartition des violations des droits humains et de l’environnement par étape d’exploitation des minerais montre que la plupart des abus ont eu lieu au cours de la phase d’extraction (49 cas). Viennent ensuite les phases de la transformation et de l’exploration, avec respectivement 28 et 25 violations.
Le cuivre, le nickel et le cobalt concentrent l’essentiel des violations
La ventilation des abus par type de minerai exploré, extrait ou transformé fait, quant à elle, ressortir que le cuivre concentre l’essentiel des violations (33), devant le nickel (24), le cobalt (11), le lithium (10), l’aluminium (7), les éléments des terres rares (7), le chrome (6), le zinc (3) et le manganèse (1).
Notant qu’un seul cas d’abus peut être associé à plusieurs incidences négatives (la pollution de l’eau peut par exemple avoir plusieurs impacts tels que des effets néfastes sur la santé et les moyens de subsistance des populations), le rapport révèle d’autre part que plus de deux tiers des allégations concernent des violations des droits de l’homme à l’encontre des communautés locales. Dans ce chapitre, les risques les plus importants concernent l’impact sur les moyens de subsistance, les droits des populations autochtones et l’insuffisance ou l’absence de consultation.
Plus de la moitié des allégations concernent des incidences négatives sur l’environnement, où la pollution de l’eau, les effets sur la faune et l’habitat des espèces ainsi que les problèmes d’accès à l’eau sont fréquemment enregistrés.
Plus d’un tiers des allégations d’abus portent les droits des travailleurs. La majorité d’entre elles sont liées à des risques pour la santé et la sécurité sur le lieu de travail.
Business & Human Rights Resource Centre, qui œuvre pour faire progresser le respect des droits humains dans les entreprises et éradiquer les abus, a par également indiqué qu’elle n’a reçu que quatre réponses aux 22 demandes d’explication adressées à 17 entreprises minières chinoises au sujet des violations présumés des droits de l’Homme (soit un taux de réponse de 18 %), ce qui dénote de faibles engagements en matière d’ouverture et de transparence.
L’ONG basée à Londres a par ailleurs fait remarquer que seules 7 des 39 entreprises minières chinoises accusées d’abus ont publié des politiques en matière de droits de l’homme, ce qui indique qu’il existe une marge d’amélioration importante tant au niveau des politiques que des pratiques.
Source : Agence Ecofin