En 2021, le volume des transactions du MVC a dépassé les 200 millions de tonnes d’équivalents de dioxyde de carbone, pour une valeur de marché estimée à 2 milliards $. L’Afrique présente un potentiel important dans ce contexte, compte tenu de ses abondantes ressources naturelles.
Le marché volontaire du carbone (MVC) est un mécanisme de marché qui permet aux entreprises, aux gouvernements et aux particuliers d’acheter des crédits-carbone pour compenser volontairement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces crédits-carbone sont générés par des projets qui réduisent ou suppriment les émissions, tels que les projets d’énergie renouvelable hors réseau.
Ce marché connaitrait une croissance et une transformation significatives selon un rapport de l’initiative du gouvernement américain Power Africa. Un dynamisme particulièrement intéressant pour les pays africains qui pourraient en profiter pour répondre aux besoins de financement climatique de leurs économies.
C’est dans ce contexte que l’Initiative des marchés du carbone en Afrique (ACMI) a été lancée par SEforALL en 2022 afin d’accroître la participation du continent au MVC. Elle gère actuellement des programmes visant à obtenir jusqu’à 1 milliard de dollars d’engagements sur le marché afin de promouvoir des crédits-carbone africains de haute qualité.
L’ACMI a par ailleurs annoncé son objectif de produire 300 millions de crédits-carbone par an d’ici à 2030, ce qui permettrait de débloquer 6 milliards $ de revenus et de soutenir 30 millions d’emplois. À long terme, d’ici 2050, l’Initiative vise à produire plus de 1,5 milliard de crédits par an en Afrique et à mobiliser 120 milliards de dollars.
Mais si les opportunités pour les pays africains dans le marché volontaire du carbone semblent évidentes, les saisir pleinement reste tout de même un défi à relever, particulièrement pour les petits projets, comme les projets solaires hors réseau qui sont nombreux en Afrique.
Les procédures complexes et lentes liées à la production et à la vente de crédits carbone peuvent en effet retarder les recettes, ce qui est prohibitif, en particulier pour les petits projets et les entreprises locales.
La mise en place de projets carbone est également souvent coûteuse, ce qui peut constituer un obstacle important pour les petites entreprises. Enfin, la sensibilisation et la compréhension limitées du marché du carbone parmi les acheteurs et les investisseurs potentiels excluent plusieurs acteurs du MVC.
Le développement du marché volontaire du carbone en Afrique nécessite donc d’attirer les entreprises locales et les nombreux projets de petite taille par le biais de réglementations et de transactions plus simples et plus uniformes.
Limites du marché volontaire du carbone (MVC)
S’il est évident qu’intégrer le MVC présente des avantages au vu des opportunités citées, il faut néanmoins rappeler que son efficacité est remise en question par plusieurs organisations. Des publications et des organisations telles que Guardian et Greenpeace ont en effet émis des réserves et des critiques.
Ces critiques portent notamment sur les projets de compensation carbone qui ne réduiraient pas le volume d’émissions promis et sur le fait que les crédits-carbone permettent aux industries polluantes de retarder leur transition vers des technologies et des pratiques plus propres. Mais aussi par rapport à l’absence de registre central et de procédures de déclaration normalisées, ce qui permet aux entités de vendre les mêmes crédits carbone plusieurs fois.
Abdoullah Diop
Source : Agence Ecofin