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(Agence Ecofin) – Contrairement à la Chine qui se concentre exclusivement sur l’extraction des minerais critiques en Afrique, Washington a déjà manifesté son intention de soutenir la transformation locale sur le continent. 

L’Afrique peut profiter de la nouvelle politique américaine de sécurisation des approvisionnements en minéraux critiques pour monter dans la chaîne de valeur des industries d’énergie propre et tirer une plus grande valeur ajoutée des richesses de son sous-sol en adoptant une stratégie de partenariat axée sur transformation locale de ces matières premières minérales, selon un rapport publié le 16 janvier par Ecofin Pro, la plateforme de l’agence Ecofin dédiée aux professionnels.

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Intitulé « Comment l’Afrique peut tirer le meilleur parti du regain d’intérêt des Etats-Unis pour les minéraux critiques », le rapport précise que la première puissance économique mondiale s’est rapprochée ces derniers mois de plusieurs nations africaines riches en minerais nécessaires à la transition énergétique tels que le graphite, le lithium, le nickel et le cobalt.

Fin novembre 2023, le ministre nigérian des Minéraux solides, Dele Alake, a annoncé des discussions entre son pays et les États-Unis au sujet d’un potentiel partenariat dans le secteur minier, notamment dans le domaine de l’extraction du lithium. Quelques jours plus tard, la Development Finance Corporation (DFC), la banque de développement des États-Unis, a injecté 50 millions de dollars dans la TechMet, une société d’investissement spécialisée dans le domaine des minéraux critiques. Ces fonds seront utilisés pour acquérir une participation allant de 15% à 33% dans le gisement de terres rares Phalaborwa, en cours de développement par la compagnie Rainbow Rare Earths en Afrique du Sud.

En septembre 2023, le conseil d’administration de la DFC a également approuvé un prêt de 150 millions de dollars au profit de la mine de graphite Balama, au Mozambique.

Lors du dernier Sommet du G20 en Inde, les États-Unis ont annoncé vouloir soutenir (de concert avec l’UE) la Zambie, la RDC et l’Angola dans le projet d’extension du corridor de Lobito jusqu’en Zambie.

Une forte dépendance vis-à-vis de la Chine

Le corridor de Lobito est constitué d’infrastructures portuaires et ferroviaires destinées à relier les mines de cuivre et de cobalt du sud de la RDC et du nord-ouest de la Zambie aux marchés régionaux et mondiaux via le port angolais de Lobito. Washington avait déjà annoncé plus tôt en 2023 un investissement de 250 millions de dollars dans la réhabilitation du chemin de fer reliant le port de Lobito à la RDC.

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En avril 2023, la compagnie minière américaine Lifezone Metals a conclu un accord-cadre avec le gouvernement de Tanzanie sur la construction d’une usine de production de nickel dans ce pays d’Afrique australe, alors sa compatriote KoBold Metals a annoncé un investissement de 150 millions de dollars dans le gisement de cuivre de Mingomba en Zambie.

Et last but not least, les États-Unis ont signé en décembre 2022 un protocole d’accord trilatéral avec la RDC et la Zambie pour le développement d’une chaîne de valeur intégrée de production de batteries de véhicules électriques.

L’objectif de ces diverses manœuvres est de sécuriser et de diversifier l’approvisionnement des gourmandes industries américaines de la transition énergétique en minéraux critiques. D’autant plus que les États-Unis ne produisent que 4% du lithium, 13% du cobalt, 0% du nickel et 0% du graphite nécessaires pour répondre à la demande actuelle de son industrie de véhicules électriques, selon le think tank Carnegie Endowment for International Peace. De plus, le pays de l’Oncle Sam dépend à hauteur de 50 à 100% des importations en provenance de Chine pour plus de dix des cinquante minéraux actuellement identifiés comme critiques par le gouvernement américain.

Engranger plus de valeur ajoutée

Le rapport élaboré par notre confrère Louis-Nino Kansoun souligne d’autre part que les pays africains sont en bonne position pour tirer profit du regain d’intérêt des Etats-Unis pour les minéraux critiques. Le nouveau partenariat entre l’Afrique et la première puissance économique mondiale peut être nettement différent des relations historiques des pays africains avec d’autres puissances étrangères qui considéraient simplement le continent comme une source d’extraction de matières premières non transformées. A contrario, Washington semble accorder à l’aspect transformation une place importante dans sa stratégie puisqu’elle soutient déjà (et a manifesté son intention de soutenir) plusieurs projets visant à transformer les minerais produits sur le sol africain.

Elle propose ainsi un partenariat plus équitable qui peut aider les pays du continent à engranger plus de valeur ajoutée et à renforcer son rôle dans les nouvelles industries liées à la transition énergétique.

Dans ce cadre, le think tank The Center for Strategic & International Studies recommande à Washington d’étendre les avantages de la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act/IRA) aux pays africains riches en ressources minières à travers de nouveaux accords commerciaux  et d’inclure le continent dans le Partenariat pour la sécurité des minéraux (Minerals Security Partnership), un  programme de collaboration multilatérale lancé par plusieurs pays occidentaux dont l’objectif est de veiller à ce que les minéraux essentiels soient « produits, traités et recyclés de manière à renforcer la capacité des pays à tirer pleinement parti de leurs richesses géologiques en matière de développement économique ».

Après avoir été longtemps réduite au rôle d’exportateur de minerais bruts, l’Afrique se trouve ainsi devant une occasion inédite de développer une industrie locale de raffinage et de transformation des richesses minérales de son sous-sol, avec à la clef des milliers d’emplois et des gains socio-économiques significatifs.

Source : Agence Ecofin

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