Compagnies minières et analystes s’accordent sur le rôle crucial du cuivre dans la réussite de la transition énergétique. Cela entrainera une hausse de sa demande et éventuellement de son prix. Ce dernier facteur peut aussi inciter les industriels à trouver des moyens de réduire l’usage du métal.
Dans la course vers l’optimisation et la réduction des coûts, les constructeurs automobiles devraient utiliser moins de cuivre dans les véhicules électriques à l’avenir. Alors que l’industrie a représenté les deux tiers de la croissance de la demande mondiale du métal rouge en 2022, une récente analyse de CRU Group estime qu’il faudra 51 à 56 kg de cuivre en moyenne par véhicule électrique entre 2023 et 2030, contre 65 à 66 kg dans les précédentes estimations pour la même période.
Le cabinet londonien n’est pas le seul à revoir ses perspectives de demande de cuivre dans cette industrie d’avenir, puisque Goldman Sachs table de son côté sur une consommation moyenne de 65 kg de cuivre par véhicule d’ici 2030, contre 73 kg l’année dernière. Pour obtenir cette réduction, les constructeurs envisagent des batteries plus compactes, l’utilisation d’une feuille de cuivre moins épaisse, ou encore des batteries avec des tensions plus élevées, nécessitant par conséquent moins de câblage (en cuivre).
En mai dernier, Elon Musk a, par exemple, indiqué que son entreprise Tesla pourrait réduire les besoins en cuivre à un quart des niveaux actuels en passant d’une batterie de 12V à une batterie de 48V. Ainsi, la demande mondiale de cuivre prévue dans l’industrie en 2030 passerait de 3,2 millions de tonnes à 2,8 millions de tonnes, estime Goldman Sachs. La banque modère néanmoins son inquiétude en rappelant qu’une croissance plus forte de l’adoption des véhicules électriques compenserait cette réduction de l’utilisation du cuivre.
Il faut noter que ces prévisions relayées par Reuters interviennent alors que les perspectives actuelles insistent sur des pénuries à venir dans l’approvisionnement mondial de cuivre, en raison de la forte demande dans les industries liées à la transition énergétique, comme les véhicules électriques. Ces perspectives, combinées à la hausse éventuelle des prix du cuivre, constituent autant de raisons pouvant inciter les industriels à trouver des moyens de réduire l’utilisation du métal rouge dans leurs processus de production.
Les nouvelles prévisions peuvent donc être considérées comme un avertissement pour les producteurs de cuivre les plus optimistes. Un avertissement extensible même à tous les autres métaux concernés par la transition énergétique. Qu’il s’agisse de graphite, de lithium ou de terres rares, des politiques de développement de plusieurs pays africains sont basées sur un scénario où l’explosion de la demande de ces métaux, ainsi que la hausse de leurs prix, contribuerait à l’accroissement de la prospérité nationale.
Le risque que les prévisions du marché tardent à se concrétiser (au mieux) ou ne se concrétisent pas aussi bien qu’annoncé doit donc être pris en compte rapidement, afin d’adapter au besoin ces politiques de développement. Un récent rapport disponible sur la plateforme Ecofin Pro et axé sur les conséquences d’un éventuel ralentissement des ventes de véhicules électriques sur les politiques minières de plusieurs pays africains ne manque pas de le souligner.
« Aujourd’hui, les futurs producteurs qui s’activent sur le continent ne peuvent plus négliger la menace, aussi minime soit-elle, et doivent commencer par prendre en compte le risque dans leurs plans sur les projets en cours », recommande l’auteur Louis-Nino Kansoun.
Sur le London Metal Exchange, le prix de référence du cuivre pour livraison dans trois mois a établi un record à 10 845 dollars la tonne en mars 2022. Il a depuis baissé d’un quart, se négociant à 8 372 dollars la tonne le 10 juillet dernier.
Emiliano Tossou
Source : Agence Ecofin