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En 2023, le géant De Beers a déjà enregistré trois baisses consécutives de revenus pour les séries de ventes aux enchères qu’il organise chaque année. Un résultat lié à la faiblesse de la demande mondiale et à la baisse des prix, qui concerne la plupart des producteurs de diamants naturels.

Au Lesotho, Gem Diamonds a publié le 22 août une mise à jour sur ses résultats opérationnels et financiers au cours du premier semestre 2023. Elle annonce notamment une baisse de 22 % en glissement annuel du prix moyen atteint pour chaque carat vendu sur la période. C’est le dernier exemple en date du ralentissement observé sur le marché mondial depuis quelques mois.

Dans le détail, la compagnie cotée à la bourse de Londres explique que ses revenus sont passés de 88,9 millions de dollars au premier semestre 2022 à 71,6 millions de dollars pour la même période cette année. Pourtant, la quantité de diamants vendus a progressé de 3 % pour atteindre 52 163 carats. Ces ventes impliquent un diamant rose de 6,63 carats, pour lequel Gem Diamonds a enregistré le troisième prix en dollar le plus élevé par carat dans l’histoire de la mine Letšeng, soit 282 889 dollars.

« Le marché mondial des diamants bruts a connu un ralentissement en 2023. Une diminution du nombre de gros diamants de grande valeur récupérés, combinée à la pression du marché, a eu un impact négatif sur le dollar moyen par carat et sur les recettes réalisées au cours de la période », conclut la compagnie.

Les raisons de la baisse des prix

Gem Diamonds est loin d’être le seul producteur de diamants touché par le ralentissement du marché. Les trois dernières ventes aux enchères organisées par De Beers se sont par exemple conclues par une baisse en glissement annuel des revenus générés, alors que Petra a reporté en juin une session de vente de diamants dans l’espoir d’une remontée des prix dans l’année.

Pour le géant De Beers qui exploite des diamants au Botswana, en Namibie et en Afrique du Sud, la situation sur le marché est liée en partie aux « défis macroéconomiques mondiaux ». L’inflation élevée et les risques de récession réduiraient la demande, ce qui favorise une baisse des prix. Cela ne signifie cependant pas que les consommateurs achètent moins de diamants, mais plutôt qu’ils se rabattent sur les diamants synthétiques dont les ventes explosent.

Selon Paul Zimnisky, l’un des principaux analystes mondiaux de l’industrie du diamant, les ventes de bijoux en diamants synthétiques ont enregistré un bond de 38 % en glissement annuel en 2022, atteignant près de 12 milliards de dollars. À titre de comparaison, ces ventes se situaient à moins d’un milliard en 2016. C’est également en 2022 que les ventes de bijoux en diamants synthétiques ont dépassé pour la première fois la barre des 10 % des ventes totales de bijoux en diamants.

Autre donnée intéressante, les diamants de laboratoire ont engrangé en juillet une part de marché estimée à 49,9 % des diamants en vrac vendus par les détaillants spécialisés américains, contre 20 % en janvier 2021. Selon Edahn Golan, autre analyste du marché qui a donné l’information, c’est une tendance qui pourrait se poursuivre l’année prochaine.

Ces évolutions peuvent inquiéter plusieurs pays africains, le Botswana en tête, qui tirent une large part de leurs revenus miniers de l’exploitation des diamants naturels. Elles obligent surtout les différents acteurs impliqués (compagnies et gouvernements notamment) à réexaminer les stratégies de vente et de marketing, afin de maintenir l’attrait des consommateurs pour ces merveilles de la nature.

Emiliano Tossou

Source : Agence Ecofin

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