Les populations de Roff (village situé dans la commune de Malicounda) ne veulent pas entendre parler de l’usine Sénégal-mines qui compte implanter une carrière dans la forêt classée de Nianing, non loin des habitations. S’opposant à un tel projet qu’elles jugent nocif à leur santé et à l’environnement, elles ont tenu un point de presse pour sonner l’alerte.
Les populations de Roff situé s’insurgent contre le projet «néfaste» de l’entreprise SénégalMines qui veut installer une carrière dans la forêt classée de Nianing. Considérant ce projet nocif à la santé de la population à cause de la poussière que dégage l’entreprise lorsqu’elle extrait et broie son produit (attapulgite), les habitants de Roff (éleveurs et agriculteurs) disent «Non à Sénégal-Mines». Lors d’un point de presse tenu sur le site par l’entreprise, les populations ont craché leurs vérités. Selon Ernest Dieng habitant du village, il n’est pas question que cette usine érige une carrière dans la zone. «Déjà, ils ont une usine au sud-ouest du village, plus précisément dans le village de Mbodiène ; créer une autre carrière au nord-est, c’est mettre en place une politique d’endiguement et d’étouffement des populations qui seront confrontées à des maladies pulmonaires», clamet-il.
En effet, cette entreprise n’est pas méconnue des villageois, puisqu’elle est déjà installée à Mbodiène (village situé dans la commune de Nguéniène). Avec cette installation qui date de plus de 25 ans, des paysans de Roff ont été spoliés de leurs terres sans indemnisation. Qui plus est, les jeunes qui y travaillaient sont souvent atteints de maladies respiratoires à cause de la poussière. En plus de ces risques sanitaires, Ngor Diouf indique qu’aucune activité économique ne pourra plus être pratiquée sur un rayon de plusieurs kilomètres entourant la carrière. «Quand Sénégal-Mines exploite une carrière, les troupeaux ne peuvent plus accéder au site. En plus, sur un rayon de plusieurs centaines de mètres, voire de kilomètres, l’environnement est complètement détruit. Ni l’agriculture, ni l’élevage ne pourront plus être pratiqués, sans parler des problèmes sanitaires liés à cette poussière. Pour éviter d’exposer les habitants à des maladies respiratoires et le bétail à faire de la transhumance vers des lieux inconnus, nous disons non à Sénégal-Mine. La forêt classée de Nianing génère des ressources pour les femmes grâce au bois de chauffe qu’elles y cherchent, mais aussi sert à faire paître les troupeaux, ce qui du coup permet d’éviter les divagations en période d’hivernage et encourage la fertilisation des sols», explique M. Diouf.
S’insurgeant contre la mauvaise foi de l’administration de cette entreprise, Ousmane Sow soutient qu’une rencontre entre une délégation de l’entreprise « Sénégal-Mines» et les populations avait été tenue. Lors de cette rencontre, dit-il, les populations s’étaient catégoriquement opposées au projet de sondage dans la zone. Mais à la surprise générale, fulmine Ousmane Sow, l’entreprise a entamé ses sondages dans la forêt à l’insu des populations. «L’administration de l’usine Sénégal Mines prouve sa mauvaise foi et montre qu’elle n’est pas digne de confiance. Comme le dit l’adage, qui est capable de trahir une fois est capable de trahir plusieurs fois. Dès lors, nous sommes sur le pied de guerre pour faire face à ce projet néfaste et nocif à la santé des populations et destructeur de l’environnement et de notre économie rurale», martèle-t-il.
La société Sénégal-mines qui s’active dans l’exploitation de l’attapulgite avait déjà commencé à faire un sondage dans la forêt classée de Nianing. Lorsque l’information s’est répandue, l’entreprise a plié bagages. N’empêche, les populations restent vigilantes. Après un décret présidentiel déclassifiant une partie de la forêt classée pour abriter l’agropole de l’ouest (forêt de ballabougou) qui est dans les terres de Nguéniène, il ne reste plus que la partie réservée à la forêt classée de Nianing destinée au pâturage.
Pour barrer la route à Sen-Mines, les habitants de Roff (commune de Malicounda), de Ndiémane et de Mbodiène (commune de Nguéniène) vont mettre en place un collectif pour que l’usine soit délocalisée ailleurs. D’ailleurs le ministère du Tourisme et celui de l’Environnement sont interpellés pour que Sen-Mines soit rayée de la carte des entreprises opérant dans la zone.
André BAKHOUM de l’AS
Source : seneplus