L’Afrique représente plus de 60% de l’offre mondiale de manganèse, grâce aux performances du Gabon et de l’Afrique du Sud. Si le Togo ne dispose pas d’autant de réserves minérales que ces deux géants, le pays ouest-africain peut se faire une place sur le marché avec son projet Nayega.
Cette semaine a été annoncée la création de la Société togolaise de manganèse. Le décret portant attribution et organisation de cette nouvelle compagnie minière nationale a été adopté au cours du Conseil des ministres tenu mercredi le 5 avril dans la capitale Lomé.
Selon le compte rendu du Conseil, cette décision va contribuer à doubler la part du secteur minier dans le PIB d’ici 2025. Si le projet Nayega n’a pas été mentionné, il devrait être au cœur de la mission de ‘’valorisation du manganèse’’ confiée à la nouvelle société. Avec des réserves de minerai estimées à 8,48 millions de tonnes pour une teneur de 14%, il s’agit en effet du plus important gisement dont dispose le pays pour cette matière première qui reste le 4ème métal le plus utilisé au monde.
Nayega appartient à la société britannique Keras Resources qui a négocié un intérêt de 76,5% dans l’actif, contre 10% pour le gouvernement togolais. La mine, qui devait entrer en production en 2020 avec une capacité nominale mensuelle de 6 500 tonnes de minerai commercialisable, n’a jamais vu le jour, bloquée selon les informations de l’Agence Ecofin, par le changement de gouvernement intervenu en octobre 2020.
Pourtant, selon un rapport publié en février par Ecofin Pro, le manganèse devrait être de plus en plus sollicité sur le marché mondial des matières premières à la faveur de la transition énergétique, car il peut être utilisé dans les batteries de véhicules électriques. Le timing du gouvernement togolais semble donc idéal, à condition que les autorités trouvent un accord avec Keras pour enfin lancer l’exploitation du gisement. Pour le moment, aucun détail n’a été dévoilé sur l’état des négociations entre les parties.
Pour rappel, le Togo dispose d’autres ressources minérales dont le phosphate, historiquement son premier produit minier d’exportation. Ce segment a certes perdu de sa superbe ces dernières années (le Togo figurait parmi les 5 premiers producteurs mondiaux avant les années 2000, mais se trouve aujourd’hui hors du Top 20 mondial), mais le gouvernement travaille là aussi à le relancer sous la houlette de la Société nouvelle des phosphates du Togo.
Emiliano Tossou
Source : Agence Ecofin