En 2021, les revenus des 40 plus grandes compagnies minières avaient augmenté et le cuivre en était la première source, devant le charbon, selon les données de PwC. Un an plus tard, la donne a changé, et malgré de bons résultats, ces entreprises doivent se préparer à faire face à de nouveaux défis.
Pour la première fois depuis 13 ans, le charbon a représenté la plus grosse part des revenus cumulés des 40 plus grandes compagnies minières au monde. C’est ce qu’indique le réseau d’analyse et d’expertise PwC dans l’édition 2023 de son rapport annuel consacré aux performances du top 40 de l’industrie minière, qui précise que le combustible fossile a succédé en 2022 au cuivre.
Selon le document lu par Agence Ecofin, le chiffre d’affaires cumulé du top 40 a totalisé l’année passée 711 milliards de dollars, soit à peine 1 % de moins que les revenus de 2021. La part du charbon dans ce total est passée de 23 à 28 % en glissement annuel. Une augmentation que la firme de recherche attribue aux prix moyens au comptant du combustible qui ont presque doublé au cours de l’année.
Cette hausse des prix était due au fait que les gouvernements ont choisi d’augmenter la capacité de production d’énergie au charbon. Pendant ce temps, les recettes tirées du cuivre sont presque restées inchangées, l’augmentation des volumes produits pour le métal rouge ayant été compensée par une légère baisse des prix. Les revenus tirés du minerai du fer ont quant à eux baissé en raison de la diminution de la demande d’acier, tout comme ceux tirés de l’or, car le nombre de sociétés aurifères dans le top 40 de PwC a diminué.
En outre, apprend-on, la hausse des dépenses opérationnelles combinée à la légère baisse des revenus et l’incertitude économique, a fait chuter les marges de bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement, qui sont passées de 32 % à 29 %. La dette nette de l’ensemble du top 40 a baissé par rapport à 2021, passant de 104 milliards $ à 93 milliards $.
Se réinventer pour continuer d’être économiquement viables
Si le charbon était au centre des attentions en 2022 avec la crise énergétique, les auteurs du rapport indiquent que « le monde pourrait avoir du mal à réduire régulièrement l’utilisation du charbon malgré les nombreux engagements pris par les gouvernements et les entreprises à réduire les émissions de carbone ». Selon eux, les mineurs de charbon ont encore un rôle à jouer pour répondre à la demande d’énergie, alors que le monde progresse de manière inégale vers la mise en place d’un système « zéro émission ». Malgré ces tendances, PwC s’attend à ce que les recettes tirées du charbon chutent de 20 % en 2023 et que le combustible fossile cède à nouveau au cuivre le statut de première source de revenus des 40 plus grandes compagnies minières.
Entre autres perspectives, la firme prédit une baisse de 9 % des revenus du top 40 en 2023 et aussi une diminution d’un point de pourcentage des marges d’EBITDA. Elle prévoit aussi que les paiements de dividendes restent élevés, bien qu’en baisse par rapport aux niveaux de 2022.
À moyen et plus long terme, PwC a attiré l’attention sur la nécessité pour les grandes compagnies minières mondiales de se réinventer à l’ère des minéraux critiques. Selon la firme, elles sont à la croisée des chemins et vivent les revirements les plus déterminants qu’elles aient connus depuis plusieurs décennies. Les anciennes pratiques ne devraient plus alors suffire à créer de la valeur dans ce nouvel environnement concurrentiel.
En 2022, le trio de tête des plus grandes entreprises minières selon le classement de PwC est composé de BHP, Rio Tinto et Glencore. Selon la base de données Ecofin Pro recensant les projets miniers en cours en Afrique, 18 compagnies du Top 40 possèdent des opérations ou des intérêts dans des opérations sur le continent.
Louis-Nino Kansoun
Source : Agence Ecofin