Malgré la mise en place des mécanismes internationaux, les minerais dits de sang continuent d’alimenter les conflits dans certaines régions du continent africain.
Plusieurs études l’ont confirmé : le commerce illégal des minerais finance les conflits sur le continent africain. Si la République démocratique du Congo est souvent citée, désormais les pays comme la Centrafrique, le Mali, le Burkina Faso, ou encore la Guinée figurent sur la liste.
Les mécanismes internationaux mis en place paraissent incapables d’arrêter le phénomène.
Pour les importateurs européens de minerais par exemple, des obligations de traçabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement sont devenues contraignantes depuis le 1er janvier 2021.
Lutter contre le financement des conflits
L’objectif était de freiner le financement des conflits et le travail des enfants dans les pays en guerre ou dans lesquels se déroulent des violations graves des droits humains.
Pour le spécialiste des questions minières Akoumba Diallo, il serait bien de mettre aussi la pression sur les pays voisins ou de transit des minerais, qui en vendent plus qu’ils n’en possèdent.
C’est le cas par exemple du Rwanda, soupçonné d’importer illégalement des minerais congolais.
“À supposer que les pays limitrophes de la RDC, leurs dirigeants, contrôlent strictement les frontières et n’acceptent pas d’être en complicité avec les groupes qui exploitent illégalement les minerais, je suppose que si cela était effectif, les minerais congolais n’auraient pas transité les frontières pour être valorisés ailleurs”, a estimé le spécialiste des questions minières.
Empêcher que les minerais soient valorisés ailleurs, c’est ce qu’affirment les autorités centrafricaines. Elles disent faire de la traçabilité des minerais, leur priorité.
“Dans le nouveau code minier qui est en cours d’adoption, et pour la transparence, on a introduit les normes d’ITIE. Et toutes les entreprises, qui désormais, vont intervenir en République centrafricaine doivent mettre en œuvre l’ITIE, c’est-à-dire qu’elles doivent publier les contrats, leurs données de production et d’exportation”, a expliqué Robert Moidokana, ministre coordinateur de l’Initiative pour la transparence des industries extractives en Centrafrique (ITIE-RCA).
Le processus de Kimberley
Un autre mécanisme est le processus de Kimberley, un système de certification internationale visant à réglementer le commerce des diamants bruts. Mais tout comme l’ITIE, il est souvent contourné, selon le spécialiste des questions minières, Akoumba Diallo.
“Le processus de Kimberley et l’ITIE sont des boubous qui ont la même taille mais conçus pour des personnes ayant des tailles variables. Le processus de Kimberley, c’est pour la traçabilité, par exemple du diamant. Alors si nous prenons l’Afrique de l’Ouest, ce sont pratiquement les mêmes peuples qui sont de part et d’autre des frontières”, a déclaré Akoumba Diallo.
En prenant l’exemple de son pays la Guinée, Akoumba Diallo précise que : “Quelqu’un qui prendrait un diamant en Sierra Leone, il traverserait facilement la frontière parce qu’il y a de la porosité et surtout quand il parle effectivement les langues guinéennes. Donc, il pourrait échapper aux contrôles à la barrière douanière et aux autres barrières sécuritaires. Le fait que des ethnies se retrouvent de part et d’autre des frontières et le fait que nos frontières soient poreuses, fragilisent le processus de Kimberley. Mais ça ne se vérifie pas dans tous les cas.”
Les entreprises sont tenues d’être plus regardantes lors de l’achat des matières premières et de les faire vérifier. En la matière, en Allemagne, c’est l’Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles qui s’en occupe.
Et en Afrique du Sud se tient, en ce moment et jusqu’au 9 février, le Mining Indaba. Un rendez-vous important pour l’industrie minière. 92 pays y sont représentés. Parmi eux, la RDC avec la présence du président Félix Tshisekedi.
Cette année, ce sont les métaux pouvant aider dans la transition énergétique qui sont à l’honneur au moment où les pays cherchent à assurer leur sécurité énergétique.
Kossivi Tiassou
Source: dw.com