L’acier est de loin le plus gros consommateur de vanadium. Cependant, l’intérêt croissant que suscitent les batteries au vanadium pourrait entrainer une augmentation de la demande de ce minéral. L’Afrique du Sud, la Namibie, la Mauritanie ou encore le Maroc surveillent de près le marché.
L’utilisation du vanadium dans le stockage de l’énergie a connu en 2022 une croissance en glissement annuel de 42 %. Si l’on en croit les données de l’organisation Vanitec relayées par Mining Review, cette croissance permet au secteur du stockage de l’énergie de devenir pour la première fois de l’histoire, le deuxième plus grand consommateur de vanadium, avec 4,3 % de la consommation mondiale.
Alors qu’environ 90 % du vanadium produit dans le monde continue d’être utilisé par le secteur de l’acier selon un rapport du même organisme, la part consommée par le stockage d’énergie n’a cessé de croître sur les dernières années. Le secteur consomme désormais plus de vanadium que les produits chimiques et catalyseurs ou encore les alliages de titane.
Pour Vanitec, cette augmentation s’explique principalement par la croissance rapide de l’utilisation de la technologie VRFB (Vanadium Redox Flow Battery) qui permet de stocker de plus grandes quantités d’énergie renouvelable. Elle reflète la reconnaissance du grand rôle que peut jouer ce composé sur le marché du stockage par plusieurs gouvernements, y compris ceux de la Chine, de l’Australie, du Canada ou encore des États-Unis. Plusieurs pays, dont ceux de l’UE, les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni, classent d’ailleurs aujourd’hui le vanadium comme un minéral essentiel.
Quelles perspectives ?
Pour le cabinet Guidehouse Insights, les déploiements annuels mondiaux de systèmes VRFB devraient atteindre environ 32,8 GWh par an d’ici à 2031, soit un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 41 %. Selon John Hilbert, PDG de Vanitec, l’utilisation accrue du minéral dans le stockage de l’énergie devrait faire augmenter la consommation de vanadium dans les prochaines années.
Ce sentiment semble partagé par plusieurs firmes d’analyse, y compris Fastmarkets qui reconnait, dans une récente note, un développement et une utilisation accrus des batteries au vanadium. Ces dernières seraient plus rentables à long terme compte tenu de leur cycle de vie plus long que celui des autres systèmes de stockage.
Cependant, la firme a relevé quelques obstacles qui pourraient entraver leur expansion, avec en tête de liste le coût de construction d’un projet de stockage d’énergie à base de vanadium, « nettement supérieur au coût de construction d’un projet à base de lithium ». « La fabrication d’une batterie au vanadium coûte environ 3 000 à 4 000 yuans par kWh, tandis que celle d’une batterie au lithium coûte environ 1 500 yuans par kWh », peut-on lire dans la note, qui cite également comme inconvénients une maintenance plus importante et une efficacité énergétique plus faible. Malgré ces défis à relever, le taux de pénétration des batteries au vanadium pourrait atteindre 5 % d’ici 2025 et 10 % d’ici 2030, d’après un analyste cité par Fastmarkets, qui indique que les batteries au lithium resteront tout de même majoritaires.
Louis-Nino Kansoun
Source : Agence Ecofin