Au Burkina Faso et dans d’autres pays ouest-africains producteurs d’or, une part infime de la production artisanale passe par les circuits formels. Le reste échappe au contrôle de l’État, privant les caisses publiques de milliards de dollars et alimentant l’insécurité dans la sous-région.
Au Burkina Faso, le ministre de l’Énergie, des Mines et des Carrières Yacouba Gouba a ordonné la suspension immédiate des exportations d’or et des autres substances précieuses issues de la production artisanale et semi-mécanisée. C’est à travers un communiqué en date du 20 février que l’information a été portée à la connaissance des acteurs du secteur.
A en croire le document, cette décision est prise dans le but d’assainir le secteur et mieux organiser la commercialisation de l’or et des autres substances précieuses. Durant la période de suspension, les mineurs désireux d’exporter leur production pourront le vendre à la Société Nationale des Substances Précieuses (SONASP). Le prix de vente n’a pas été précisé.
Il faut souligner qu’au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays africains producteurs d’or, une part significative de la production artisanale d’or est exportée illégalement. Dans des propos relayés en 2019 par Reuters, Oumarou Idani, ministre burkinabé des Mines de l’époque, indiquait notamment que sur les 9,5 tonnes d’or de production artisanale estimée chaque année, seuls 200 à 400 kg sont déclarés aux autorités.
Au-delà des recettes perdues pour les caisses de l’État, l’exportation illégale contribue à l’insécurité au Burkina Faso et dans la sous-région, en finançant les groupes extrémistes. Dans un rapport publié le 7 février par la CEDEAO, les auteurs soulignent que les groupes armés actifs au Sahel taxent l’or extrait par les mineurs artisanaux ou pratiquent eux-mêmes cette activité.
Pour libérer le secteur de l’emprise des réseaux du crime organisé, le document invite les autorités de la région à formaliser l’exploitation minière artisanale et à petite échelle. La création de coopératives permettant aux mineurs de combiner leurs ressources pour mieux mener leurs activités, et la création de zones officielles d’exploitation de gisements d’or font partie des pistes de solution proposées.
Emiliano Tossou
Source : Agence Ecofin