Sous le président Buhari et sous le régime actuel du président Tinubu, la lutte contre l’exploitation minière illégale est devenue une priorité au Nigeria. L’accent mis sur la répression montre cependant des limites, nécessitant la mise en place d’alternatives.
Le Nigeria peine à réduire l’ampleur de l’exploitation minière illégale, malgré la multiplication des mesures ces dernières années. C’est l’une des conclusions qu’on peut tirer de l’annonce le 1er mars dernier de la création d’une nouvelle unité armée de lutte contre le problème.
Le gouvernement a en effet mis en place des « Mining Marshals », une unité de répression fédérale placée sous l’autorité du Nigeria Security and Civil Defence Corps (NSCDC). Les membres de cette unité seront mobilisés sur les 1975 sites miniers illégaux répertoriés dans le pays, ont rapporté plusieurs médias locaux le week-end écoulé. Notons que les Mining Marshals viendront gonfler les rangs des unités de lutte contre l’exploitation minière illégale, qui intensifient depuis quelques mois leurs actions contre les mineurs illégaux.
Cependant, plusieurs analystes jugent que la répression est insuffisante pour venir à bout de l’exploitation minière illégale. Dans un rapport publié en février par la CEDEAO, les auteurs soulignent notamment la nécessité de formaliser l’exploitation artisanale en favorisant la création de coopératives ou la mise en place de zones d’exploitation officielles. Le Nigeria peut aussi s’inspirer de l’exemple du Ghana qui, après des années de répression contre les mineurs illégaux, y associe actuellement la proposition d’alternatives à ces derniers.
Il peut s’agir de la création de programmes d’insertion à l’emploi pour les mineurs qui veulent changer d’activité, ou alors de la formalisation de l’activité minière pour ceux qui veulent poursuivre. Dans ce dernier cas, Accra fournit notamment des équipements miniers permettant de produire de l’or avec un impact environnemental moindre, notamment en n’utilisant plus le mercure, un produit toxique servant au traitement de l’or.
Pour rappel, le Nigeria dispose d’immenses réserves d’or, de charbon et de minerai de fer. Alors que la contribution du secteur minier nigérian reste en dessous de 1 % du PIB, l’intégration des mineurs illégaux dans les circuits officiels pourrait contribuer à augmenter cette part.
Emiliano Tossou
Source : Agence Ecofin