Pour doubler la part du secteur minier dans le PIB d’ici 2025, le Togo compte entre autres sur la relance de son secteur des phosphates, mais également sur la richesse de son sous-sol en manganèse.
Le gouvernement togolais a conclu cette semaine avec la société britannique Keras Resources un accord selon lequel cette dernière renonce à l’obtention d’un permis d’exploitation pour le projet de manganèse Nayéga. Ledit permis sera attribué à la Société togolaise de manganèse, créée en avril dernier et détenue à 100 % par l’État.
D’après les termes convenus entre les deux parties, l’entreprise britannique, présente sur le projet depuis plusieurs années, va transférer « ses connaissances intellectuelles sur Nayéga à l’État et fournira des services de conseil et de courtage pour accélérer le développement de Nayéga ». Keras entamera le processus de liquidation de sa participation dans SGM, la filiale à travers laquelle elle détenait une participation dans le projet.
En échange, l’État versera à la société une somme de 1,7 million de dollars en espèces le 17 juillet 2023. En outre, Keras aura droit à 1,5 % sur les revenus bruts générés par la mine pour ses services de conseil pendant 3 ans. De plus, la société recevra 6 % des revenus bruts générés par l’actif pour ses services de courtage pendant 3 ans ou 900 000 tonnes de minerai de manganèse enrichi produites et vendues à partir de la mine.
« Cet accord reflète les relations constructives que nous entretenons avec l’État et donne une image très claire de la manière dont l’actif sera désormais développé au profit de toutes les parties prenantes, tout en récompensant Keras pour son investissement à ce jour »,a commenté Graham Stacey, PDG de Keras, qui indique que sa société va préparer une transition pour se concentrer sur ses projets en Amérique du Nord.
La bonne formule pour le Togo ?
Pour le Togo, cet accord est en ligne avec les objectifs fixés à la création début avril de la Société togolaise de manganèse. L’entreprise avait en effet reçu comme mission de valoriser les réserves de manganèse du pays, et sa création avait pour but de « doubler la part du secteur minier dans le PIB d’ici 2025 ». Le premier gros défi de son agenda sera donc de concrétiser le potentiel du projet Nayéga qui héberge des ressources minérales de 13,97 millions de tonnes titrant 12,4 % de manganèse et des réserves de minerai de 8,48 millions de tonnes titrant 14 % de manganèse.
Comme le rapportait l’Agence Ecofin, les échéances fixées sur le projet, avec une entrée en production initialement prévue pour 2020 à une capacité nominale mensuelle de 6 500 tonnes de minerai commercialisable, n’ont pas été respectées et les travaux ont été suspendus en attendant que l’État togolais négocie mieux les termes pour en tirer plus de profits.
S’il semble maintenant avoir trouvé une formule pour relancer les activités, il faudra attendre les prochains développements pour en savoir plus sur les plans de la Société togolaise de manganèse. On peut déjà se demander si l’entreprise va continuer selon les plans initiaux de Keras et quelle sera la nouvelle échéance pour l’entrée en production de la mine.
En attendant, le secteur du manganèse fait face à de nouveaux enjeux avec de nouveaux besoins en sidérurgie et la demande croissante des batteries électriques. Selon un rapport d’Ecofin Pro publié plus tôt cette année, il s’agit d’un « énième atout pour le continent africain dans l’industrie de demain » alors que l’Afrique produit plus de 60 % de l’offre mondiale de minerai. Plusieurs pays africains se positionnent pour tirer davantage de profits grâce aux nouvelles opportunités sur le marché, à l’image du Togo, mais aussi de l’Afrique du Sud, du Gabon, du Ghana, de la Côte d’Ivoire ou encore du Botswana.
Louis-Nino Kansoun
Source : Agence Ecofin