La transition énergétique a beaucoup à offrir au secteur minier tanzanien. Important producteur africain d’or, le pays héberge aussi d’importantes ressources de terres rares, de graphite et de nickel, autant de produits utilisés dans l’industrie des véhicules électriques.
La compagnie minière Lifezone Metals a conclu un accord-cadre avec le gouvernement tanzanien afin de construire une usine de production de nickel de qualité batterie. C’est l’une des annonces faites la semaine dernière par la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris, au cours de sa visite en Tanzanie, ajoutant que le nickel sera livré sur le marché américain et le marché mondial dès 2026.
Selon un communiqué de la Maison-Blanche, la conclusion de cet accord est le fruit de négociations menées avec le soutien de l’initiative du G7 dénommée PGII (Partnership for Global Infrastructure and Investment) et la société TechMet, spécialisée dans les métaux critiques et détenue en partie par le gouvernement américain.
« Ce projet est un modèle important et pionnier qui utilise des normes innovantes et à faibles émissions. Il est important de noter que les minéraux bruts seront bientôt traités en Tanzanie, par des Tanzaniens », a commenté la vice-présidente Harris.
Le nickel traité dans la future usine proviendra en effet de Kabanga, un projet détenu à 16 % par le gouvernement tanzanien et à 84 % par Lifezone Metals (anciennement Kabanga Nickel). À l’occasion de la signature du bail minier en octobre 2021, le ministre tanzanien des Mines a indiqué que l’exploitation de Kabanga pourrait rapporter 7,5 milliards de dollars à l’État sur 33 ans. Cette estimation devrait désormais être revue à la hausse, si on y ajoute les revenus liés aux exportations de nickel de qualité batterie qui démarreront dans quelques années.
Le soutien américain au projet de transformation locale du nickel tanzanien illustre bien comment les États africains peuvent tirer profit de la transition énergétique dans les Mines. Les pays africains qui disposent de nickel, cuivre, cobalt, terres rares et autres métaux critiques sont en effet courtisés de plus en plus aussi bien par l’Union européenne que les États-Unis, décidés à contester la domination chinoise sur ces produits essentiels au monde de demain. Longtemps relégués au statut de fournisseurs de matières premières, les pays miniers du continent ont donc l’occasion de négocier des accords plus avantageux afin de générer davantage de revenus avec leurs ressources minières.
Emiliano Tossou
Source : Agence Ecofin