Les violations de droits de l’homme, la fraude et la contrebande minière sont des problèmes qui gangrènent l’exploitation minière en RDC. D’autres problèmes non moins graves et parfois peu traités dans les rapports sur l’approvisionnement responsable sont révélés par une nouvelle enquête.
Dans une enquête publiée le mois dernier, le média d’investigation Reportika a identifié des problèmes majeurs que pose l’exploitation du cobalt en RDC par les entreprises chinoises. Dénommé « The Chinese Cruel Cobalt Conundrum », le document dénonce notamment l’impact de cette activité sur l’environnement, la santé et le bien-être des populations, des aspects parfois négligés dans les rapports sur les problèmes dans le secteur minier local.
Selon le rapport consulté par l’Agence Ecofin, les produits chimiques utilisés lors du processus d’extraction et de traitement des minerais, créent des problèmes de santé pour les travailleurs et affecte même la communauté entière. Sur 7 400 mineurs congolais travaillant dans les mines de cuivre-cobalt de Sicomines, Tenke Fungurume et Kolwezi, plus de 6000, soit 82 %, ont signalé des problèmes de peau, 6 317 mineurs ont évoqué des difficultés à respirer et 3 899 affirment avoir subi des accidents de travail graves au cours de l’année écoulée.
L’extraction de cobalt affecte également la disponibilité de l’eau dans les régions où se trouvent les mines, car il faut de grandes quantités d’eau pour assurer le traitement du minerai. L’autre point souligné par le rapport, c’est la dégradation de l’environnement en raison des produits toxiques et métaux lourds rejetés dans l’environnement par l’exploitation minière.
« L’exploitation du cobalt en RDC a entraîné une perte de biodiversité, car les activités minières ont détruit les habitats des plantes et des animaux. Cela a eu des répercussions écologiques à long terme, affectant la santé des écosystèmes locaux et contribuant à la disparition d’espèces », précise le document.
Des enfants employés dans les mines industrielles ?
La question du respect des droits de l’homme et des droits de l’enfant revient fréquemment lorsqu’il s’agit d’évoquer les problèmes du secteur minier congolais. Le rapport note ainsi que de nombreux travailleurs sont mal payés et travaillent dans des conditions dangereuses (sans équipements de sécurité ou formation adaptée), tout en ne bénéficiant presque jamais d’une prise en charge par l’entreprise en cas de blessures.
Le phénomène toucherait aussi les enfants travaillant dans ses mines. Si leur présence dans les mines artisanales (seuls ou accompagnant des parents ou des ainés) est reconnue et documentée, notamment par l’UNICEF, Reportika affirme avoir découvert que « plus de 30 000 enfants de moins de 14 ans et plus de 70 000 enfants de moins de 18 ans sont encore directement ou indirectement employés par les sociétés minières » en RDC.
Inégalités sociales et économiques
La RDC est l’un des pays miniers les mieux dotés au monde, autant par la quantité des ressources disponibles que par leur diversité. Selon la Banque mondiale, il s’agit pourtant de l’une des cinq nations les plus pauvres de la planète, avec 62 % de sa population vivant avec moins de 2,15 dollars par jour. D’après le rapport de Reportika, l’exploitation du cobalt ne représente pas un moyen de lutte contre cette pauvreté, mais contribue plutôt à creuser les inégalités sociales et économiques.
Les bénéfices de l’exploitation du cobalt en RDC ne sont en effet pas répartis de façon équitable, avec une grande partie des revenus allant aux « entreprises chinoises et aux fonctionnaires corrompus, plutôt qu’aux communautés locales qui vivent près des mines ».
C’est le même problème qu’a dénoncé récemment l’Inspection Générale des Finances (IGF) dans son rapport d’audit du « contrat du siècle » conclu entre la RDC et la Chine. Selon le patron de l’IGF Jules Alingete, les entreprises chinoises ont engrangé 10 milliards de dollars en plus d’une décennie, alors que la RDC a seulement obtenu des infrastructures d’une valeur de 822 millions de dollars.
Source: Agence Ecofin