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Le président Félix Tshisekedi a atterri le 24 mai à Pékin pour sa première visite d’État en Chine. Au cours de son séjour, il devrait évoquer la renégociation du mégacontrat « mines contre infrastructures » qui lie son pays à la Chine depuis 2008, et considéré comme en défaveur de Kinshasa.

En RDC, le gouvernement souhaite faire passer sa participation dans Sicomines à 70 %, contre 32 % actuellement dans cette coentreprise sino-congolaise exploitant des mines de cuivre et de cobalt dans le pays. Ce point sera soulevé par le président congolais Félix Tshisekedi, arrivé à Pékin dans la nuit du mercredi 24 mai pour sa première visite d’État en Chine.

Selon un document vu par Reuters et décrivant les revendications de la RDC dans le cadre des négociations avec la partie chinoise, la Gécamines hériterait de 60 % d’intérêts dans la Sicomines, contre une participation de 10 % pour l’État et 30 % pour les sociétés chinoises impliquées dans l’accord. Il s’agit pour les autorités de rééquilibrer un accord datant de 2008 et qui a jusque-là peu profité aux Congolais, d’après un rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF).

L’institution a notamment expliqué que la partie chinoise a seulement investi 822 millions de dollars dans les infrastructures, alors que le contrat « mines contre infrastructures » signé en 2008 prévoyait des écoles, routes et hôpitaux d’une valeur de 3 milliards de dollars. Pendant ce temps, ses entreprises ont engrangé 10 milliards de dollars de profits.

En compensation, le gouvernement devrait réclamer « un dédommagement forfaitaire de 2 milliards de dollars, notamment parce que Sicomines a vendu les minéraux à moitié prix aux sociétés chinoises […] bien en dessous du prix du marché », indique une source, membre de la Commission chargée de la rédaction du document.

Ladite Commission, comprenant notamment des représentants de la présidence, de l’IGF, de la Gécamines et de l’Agence de pilotage, de coordination et de suivi des conventions de collaboration signées entre la République Démocratique du Congo et les partenaires privés, rappelle d’ailleurs que l’accord de 2008 ne tenait pas entièrement compte de la valeur des gisements de cuivre-cobalt apportés par la partie congolaise, et qui est estimée à 90,9 milliards de dollars.

Notons que ces revendications seront évoquées par le chef d’État congolais lors de sa visite, avant que les pourparlers ne débutent réellement entre les parties. Rien ne garantit toutefois que Kinshasa obtienne gain de cause, surtout que les conclusions du rapport de l’IGF sur le contrat ont déjà été rejetées en bloc par l’ambassade de Chine en RDC. Dénonçant un document « plein de préjugés », Pékin a rejeté les 17 milliards de dollars d’investissements supplémentaires réclamés par l’IGF (soit 20 milliards de dollars au total pour les infrastructures), soulignant que cet accord est un « bel exemple du partenariat gagnant-gagnant ».

La RDC dispose néanmoins d’un atout majeur dans sa manche pour ces négociations, en l’occurrence l’explosion de la demande mondiale de cuivre et de cobalt qui fait du pays un partenaire courtisé de toute part. Ces derniers mois, plusieurs rivaux de la Chine, dont les États-Unis et l’Union européenne, se sont ainsi rapprochés de Kinshasa pour nouer des accords autour de l’exploitation des immenses réserves minérales congolaises indispensables à la transition énergétique.

Emiliano Tossou

Source : Agence Ecofin

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