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Le projet Manono est au cœur d’une bataille judiciaire entre l’australien AVZ qui revendique 75 % d’intérêts dans l’actif et Cominière qui indique la fin de son accord d’entreprise avec AVZ. Pour développer le plus grand gisement de lithium de RDC, Cominière se tourne désormais vers la Chine.

La société chinoise Zijin Mining a annoncé lundi 23 octobre que sa coentreprise avec la société congolaise Cominière a obtenu les droits pour développer un projet de lithium au nord-est de Manono. Ledit projet porte sur une zone toujours revendiquée par la société australienne AVZ Minerals qui a intenté une action en justice contre Cominière.

Selon les détails publiés lundi par Zijin, une licence d’exploration (PR 15775) a été attribuée par le ministère congolais des Mines à Manono Lithium SAS, la coentreprise entre sa filiale Jinxiang Lithium (qui y détient 61 % d’intérêts) et Cominière.

L’accord entre les deux parties stipule que la filiale de l’entreprise chinoise dirigera l’exploration, la construction ainsi que l’exploitation du projet et sera également responsable de la mobilisation des fonds pour le financement des travaux. En ce qui concerne le calendrier de développement, Zijin compte réaliser une étude de faisabilité dès que possible, puis achever la construction de la mine dans un délai de deux ans après l’étude de faisabilité et l’obtention des fonds.

« Suite à une décision de l’autorité judiciaire en RDC et aux approbations du gouvernement congolais, les 100 % d’intérêts détenus dans la licence d’exploration de la mine de lithium de Manono (PR 13359) ont été restitués et enregistrés au nom de Cominière. Par la suite, Cominière a formellement invité la société [Zijin, Ndlr] à explorer et développer conjointement la partie nord-est avec la licence d’exploration PR 13359 [correspondant à la licence d’exploration actuelle PR 15775] », peut-on lire dans le communiqué publié par la société.

Il faut souligner que le permis d’exploration PR 13359 mentionné dans cette déclaration était précédemment détenu par Dathcom, la coentreprise entre AVZ Minerals et Cominière. La partie congolaise a obtenu une ordonnance du tribunal qui lui a accordé 100 % d’intérêts dans le permis 13359, lequel transfert de propriété demeure néanmoins contesté par AVZ.

« L’ordonnance était fondée sur la prémisse erronée que l’accord de coentreprise Dathcom avait été valablement résilié, ce qui n’a pas été le cas. En outre, la demande d’ordonnance de Cominière n’avait pas de fondement juridique approprié, car il n’y avait pas de base juridique pour priver Dathcom du PR13359 même si l’entreprise commune Dathcom avait été résiliée », affirme la compagnie australienne dans un communiqué en date du 9 octobre.

En attendant les prochains développements concernant cette affaire, il est important de noter que le chinois Zijin Mining, nouveau partenaire de Cominière à Manono, est déjà engagé dans l’exploitation minière en RDC, notamment sur la mine de cuivre Kamoa-Kakula (en partenariat avec Ivanhoe Mines) où 390 000 tonnes du métal rouge sont attendues cette année.

Son intérêt pour le lithium congolais remonte à début 2022 quand elle a annoncé l’acquisition de deux permis miniers à proximité du projet Manono de l’australien AVZ Minerals. Son objectif annoncé, soutenu également par d’autres transactions sur le lithium en dehors de l’Afrique, était alors d’identifier des ressources exploitables « afin d’améliorer [sa] compétitivité dans les nouveaux minéraux énergétiques ».

La RDC ne produit toujours pas du lithium

Le gisement de lithium de Manono fait partie des plus grandes réserves inexploitées de lithium au monde. Il héberge au moins 400 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,65 % de lithium, selon une estimation d’AVZ. Son développement devrait faire de la RDC un important producteur de lithium, renforçant la position du pays comme fournisseur des minéraux essentiels à la transition énergétique.

Lorsqu’en mai 2022, AVZ annonçait la signature par la ministre des Mines d’alors (Antoinette N’Samba Kalambayi) d’un décret pour attribuer un permis d’exploitation à la compagnie minière, tous les voyants semblaient être au vert. Plus d’un an après cette sortie, la RDC n’a pas beaucoup avancé dans sa route vers l’exploitation du lithium, dont la demande mondiale devrait atteindre près de 2 millions de tonnes en 2030, dont 79 % proviendraient du secteur automobile, selon la compagnie Cochilco.

Louis-Nino Kansoun

Source : Agence Ecofin

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