Face à la pire crise électrique de l’histoire de l’Afrique du Sud, le gouvernement compte remettre au goût du jour, la question de l’exploitation du gaz de schiste. En cas de succès, le Président Ramaphosa aura tenu l’une de ses plus importantes promesses de campagne.
En Afrique du Sud, le gouvernement a fait part, la semaine dernière, de son intention de mettre aux enchères une série de nouveaux blocs onshore pour l’exploration du gaz de schiste dans la région écologiquement sensible du Karoo. À peine, cette annonce faite, elle suscite déjà beaucoup de débats au sein de l’opinion publique.
Rappelons que face à la pression des environnementalistes, des agriculteurs et autres activistes, la Haute Cour de justice du pays a annulé en 2017, la législation relative à l’exploration et à l’exploitation du gaz de schiste dans le pays. Un groupe d’agriculteurs de la région de Karoo, appuyé par des ONG avait, en effet, attaqué le texte devant les tribunaux, arguant de ce qu’il fera le lit à la fracturation hydraulique, une technique qui « appauvrira les sols » dans cette région.
D’ailleurs, étant donné qu’elle est utilisée dans la monétisation du gaz de schiste, elle exige l’utilisation de grands volumes d’eau et de produits chimiques. Des spécialistes avaient alors relevé que la nappe phréatique du Karoo ne pourrait pas supporter des exploitations de schiste. Un argument qui a fait pencher la décision de justice en faveur de la partie accusatrice.
La vente aux enchères des blocs est prévue pour 2024 ou 2025, dans l’attente de l’adoption d’une nouvelle législation soutenant l’appel d’offres. Elle représente par ailleurs, le premier processus d’appel d’offres concurrentiel de l’Afrique du Sud pour les ressources pétrolières et gazières.
Les terrains mis aux enchères comprennent des zones précédemment détenues par Shell. Le régulateur de l’amont pétrogazier, l’Agence sud-africaine du pétrole (PASA), a révélé qu’au moins dix blocs de gaz de schiste dans le Karoo seraient mis aux enchères. Il estime que le bassin du Karoo abrite potentiellement environ 209 tcf de ressources en gaz de schiste techniquement récupérables.
Toutefois, une étude menée par des géologues de l’Université de Johannesburg en 2017 a suggéré que les réserves réelles du bassin pourraient être plus proches de 13 tcf. Une étude distincte de l’Académie des sciences d’Afrique du Sud indique que même avec 5 tcf de gaz de schiste, l’Afrique du Sud pourrait alimenter une centrale à gaz de 1 000 à 2 000 MW pendant trois décennies.
Olivier de Souza
Source : Agence Ecofin