Un rapport de Jean-Christophe Rufin constate que les actions socio-économiques menées par TotalEnergies et ses partenaires (dont le Rwanda) dans la province du Cabo Delgado ont réduit sensiblement les tensions sécuritaires.
La situation humanitaire et sécuritaire s’est améliorée dans la province mozambicaine du Cabo Delgado, où se situe le projet d’un complexe de production de gaz naturel liquéfié (GNL) piloté par TotalEnergies, selon un rapport publié le 23 mai par le groupe pétrolier français.
Ce rapport est le fruit d’une mission d’évaluation indépendante de la situation socio-économique, sécuritaire et humanitaire au Mozambique, qui a été confiée par TotalEnergies à Jean-Christophe Rufin, ancien directeur de l’ONG Action contre la faim, ex-ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie et l’un des pionniers du mouvement Médecins sans frontières.
Cette personnalité reconnue pour son expertise dans les domaines de l’action humanitaire et des droits humains a mené en janvier et en février 2023 plusieurs missions d’investigations au Mozambique, et plus particulièrement dans province du Cabo Delgado (nord-est).
Région pauvre mais riche en ressources gazières, Cabo Delgado est depuis fin 2017 en proie à une insurrection menée par le groupe djihadiste « Ahlu Sunna Wal Jamaa », désigné localement sous le nom des « Shebabs ». En avril 2021, TotalEnergies avait suspendu jusqu’à nouvel ordre son projet d’exploitation de gaz naturel pesant 18 milliards d’euros (près de 20 milliards de dollars) après une attaque djihadiste perpétrée à quelques kilomètres de son site dans la région.
Le rapport rédigé par Jean-Christophe Rufin souligne de prime abord le « retour à de meilleures conditions de sécurité » et « l’amélioration de la situation humanitaire dans la zone », avec notamment le retour de populations déplacées par le conflit dans la ville de Palma, et dans une moindre mesure dans la ville de Mocimboa Da Praia.
La contre-offensive militaire, menée avec la participation décisive de troupes étrangères en particulier rwandaises, a permis la libération des villes occupées par les insurgés. La reprise en main des territoires s’est faite progressivement au second semestre 2021, et les combats qui ont accompagné ces opérations ont conduit à l’éclatement des groupes rebelles en plusieurs unités.
Concevoir une véritable stratégie de développement local
Mais si les regroupements de déplacés ont pratiquement disparu de la zone avoisinant le site abritant le projet gazier baptisé « Mozambique LNG » dans la péninsule d’Afungi, il n’en va pas de même pour les localités situées plus à l’ouest (Mueda) et plus au sud (Macomia et Montepuez). Des attaques de routes et de villages y ont encore été menées au mois de février dernier par de petits groupes armés, essentiellement pour se procurer de la nourriture.
Le rapport a également noté que le conflit a des origines antérieures aux projets de développement gaziers, et prend racine dans de nombreux facteurs qui ne sont pas liés au projet Mozambique LNG, dont les inégalités entre le nord et le sud du pays en matière de développement économique et social, les rivalités ethniques dans la province du Cabo Delgado, la présence d’une activité mafieuse dans la région et la défiance à l’égard de l’Etat.
Il a par ailleurs souligné l’impact positif des actions socio-économiques menées par TotalEnergies et ses partenaires comme l’équipement des pêcheurs en chaîne de froid, la plantation de mangroves, la création de fermes irriguées, la construction d’une usine de transformation de noix de cajou et la création de kiosques scolaires, tout en notant que ces actions restent aujourd’hui davantage guidées par des préoccupations sécuritaires que par une véritable logique de développement. Le rapport recommande dans ce cadre la mise en place d’un pôle unique « Coopération et développement » au sein du projet Mozambique LNG pour piloter les différents programmes, et la conception d’une véritable stratégie de développement local inclusive et durable.
En ce qui concerne les populations affectées par le développement du complexe de production de GNL, Jean-Christophe Rufin recommande plusieurs pistes d’amélioration afin d’achever dans les meilleures conditions la mise en œuvre du plan de relocalisation et d’assurer les compensations selon les meilleures pratiques. Ces améliorations concernent notamment la mise à jour des inventaires des biens des personnes affectées, le raccourcissement du délai de paiement des compensations, la mise à disposition de terres agricoles et l’accès aux zones de pêche.
Le projet Mozambique LNG devait initialement livrer sa première cargaison en 2024, avec pour objectif de produire jusqu’à 43 millions de tonnes de gaz par an. Les partenaires de TotalEnergies dans le cadre de ce projet sont trois sociétés pétrolières indiennes (ONGC Videsh Ltd, Bharat Petroleum, Oil India Ltd), la société japonaise Mitsui, l’entreprise thaïlandaise PTTEP et l’Etat du Mozambique.
Source : Agence Ecofin